La Nouvelle-Calédonie en bref
A l’abri de la plus longue barrière de corail continue du monde (1600km), les 23 400km2 de lagons calédoniens abritent une biodiversité d’une richesse extraordinaire avec plus de 20 000 espèces marines répertoriées. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2008, le lagon est aujourd’hui un espace à préserver. Côté terre, un taux d’endémisme exceptionnel de 76% de la flore place la Nouvelle-Calédonie en 3ème place mondiale après Hawaï et la Nouvelle Zélande. Malheureusement, cet écosystème est fragile et la Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui 2ème sur la liste des « points chauds » dont l’endémisme exceptionnel est menacé par les pressions humaines.
Une bonne gestion de ses déchets est un élément essentiel pour préserver cette biodiversité. Cependant, comme sur toutes les îles du Pacifique, le traitement des déchets est un véritable défi pour les calédoniens.
La Province Nord et la Province des Iles fonctionnent encore avec des dépotoirs, devenus municipaux afin de centraliser au mieux les déchets des communes, mais très peu ont été réhabilités et mis aux normes. Le manque de points de collectes, l’éloignement géographique de la capitale et le poids des habitudes, constituent un frein au développement du tri sélectif dans ces zones. Cela permettrait pourtant de réduire les volumes enfouis, brûlés ou abandonnés dans la nature.
La Province Sud qui abrite le plus gros de la population et la plupart des entreprises du pays est la région la plus avancée en termes d’infrastructures mais c’est aussi la province qui génère le plus de déchets, avec 438kg de déchets ménagers par an et par habitants, quand la moyenne mondiale tourne autour de 300kg. S’attaquer à ces volumes croissants est une priorité, et plusieurs associations et élus sont très actifs sur le sujet. Le vrac se démocratise de plus en plus même dans certains supermarchés. Une nouvelle loi pays vient d’être publiée en janvier interdisant la mise à disposition et l’importation de plastique à usage unique, à commencer par les sacs, dès l’été prochain. Suivront la vaisselle jetable et les cotons tiges en septembre, puis les barquettes et d’autres types d’emballages en 2020 et 2021. La transition est en route et c’est une bonne nouvelle ; mais il faut aller plus loin. Du chemin reste à parcourir notamment sur la gestion des déchets recyclables et la répression des dépôts sauvages (1200 répertoriés juste pour Nouméa, les mangroves étant les premières victimes !).
Les déchets ménagers et non dangereux du Grand Nouméa terminent pour la plupart au centre technique d’enfouissement de Gadji qui reçoit annuellement 200’000 tonnes. Ce site est à la pointe et respecte les mêmes normes qu’en métropole. Les lixiviats (jus de poubelle) sont récupérés et le biogaz, aujourd’hui capté et brûlé, devrait bientôt être valorisé en énergie.
Cependant, bien trop nombreux sont les déchets recyclables et valorisables qui terminent enfouis dans ce centre alors qu’ils pourraient être recyclés ou valorisés en énergie, et créer ainsi de la valeur économique et de l’emploi local. Le plastique est même un cauchemar pour les gestionnaires du centre puisque très légers, les sacs notamment, s’envolent très souvent sur cette zone où le vent est quasi permanent.
Le tri sélectif doit encore progresser en Nouvelle-Calédonie. Les volumes collectés sont aujourd’hui extrêmement faibles. L’unique centre de tri installé dans la ville du Mont Dore ne fonctionne qu’à un tiers de ses capacités et capte à peine 2% des volumes de plastique générés sur l’île chaque année.
Une réponse conjointe du secteur public, privé et citoyen est nécessaire afin d’augmenter la collecte sélective.
Une réglementation plus incitative au tri, une amélioration de la conscience citoyenne sur l’importance de séparer ses déchets, la mise en place de systèmes de consignes sur certains produits ainsi que la multiplication des points de collectes pourraient créer le nécessaire cercle vertueux qui permettrait de gérer ces déchets de manières durables, locales et financièrement plus viables.
Le partage des compétences entre le gouvernement, les provinces et les municipalités, et le manque de collaboration entre les professionnels du déchet, ne facilitent pas la mise en place d’un système efficient.
La transition est cependant en marche. La loi de pays sur les plastiques en témoigne.
D’autre part, certains industriels ont décidé de réintégrer leurs déchets directement dans leur chaine de production et vont même capter du gisement supplémentaire auprès d’autres entreprises locales. Des projets de recyclage sont également en cours de test sur l’île. C’est le cas du projet Ecopavement qui cherche à associer deux déchets locaux, la scorie du nickel et certains plastiques, pour les transformer en revêtement de sol comme des dalles dont le béton est aujourd’hui importé.
Objectifs de Race for Water
La Fondation Race for Water va poursuivre son travail d’étude pour la mise en place d’une solution de valorisation des déchets plastiques, non recyclables localement, en énergie : Réalistaion d’une étude détaillée du gisement plastique afin d’établir un plan d’action dédié à la gestion des déchets plastiques sur l’île.
Collaborations locales avec notamment le gouvernement calédonien
Le gouvernement calédonien a en effet souhaité poursuivre la collaboration en signant, de la main de Nicolas Metzdorf, membre en charge de l’énergie, une étude détaillée du gisement plastique afin d’établir un plan d’action dédié à la gestion des déchets plastiques sur l’île.
Plusieurs entreprises rencontrées durant l’escale, qu’elles soient dans la grande distribution, la vente de boissons ou l’importation de biens de consommation, nous ont donné leur soutien pour participer à l’effort de collecte et d’éducation au tri lorsque les infrastructures seront en place. C’est également le cas de plusieurs ONG locales qui font un travail incroyable de sensibilisation et d’action de nettoyage pour maintenir ce fragile écosystème. Tous ont évoqué le besoin d’une réglementation de la filière emballage et notamment plastique afin d’accélérer le processus.
Ce travail de plusieurs semaines, dont le principal objectif a été d’identifier et fédérer les bonnes personnes autour de l’importance de préserver nos océans de la pollution plastique, pourraient aboutir à la démonstration que la Nouvelle-Calédonie, malgré son contexte insulaire, est capable de réduire et de gérer ses déchets plastiques de manière autonome en protégeant ainsi son magnifique parc naturel de la mer de corail. Un exemple qui, nous l’espérons, pourra inspirer bien d’autres joyaux insulaires du Pacifique.