La Malaisie en bref
5ème au rang des pollueurs mondiaux des océans par les plastiques.
Le Sabah est un État de Malaisie occupant la partie nord de l’île de Bornéo. Il est réputé pour le mont Kinabalu qui culmine à 4 095 mètres d’altitude, mais sa renommée vient également de ses plages paradisiaques, ses récifs coralliens et sa forêt tropicale. Plusieurs parcs nationaux à terre comme en mer, abritent ainsi une faune abondante dont l’espèce emblématique, mais en danger critique d’extinction, : les Orang Outan.
L’économie de Sabah repose principalement sur le secteur primaire. Les productions principales sont le pétrole, le gaz, le bois tropical et l’huile de palme. Le tourisme s’y développe également extrêmement rapidement depuis plusieurs années.
Comme dans de trop nombreux endroits de la planète où la nature est riche et généreuse, l’explosion démographique, le développement du tourisme de masse et, à Sabah en particulier des flux migratoires importants, n’ont pas été accompagnés par l’implémentation des infrastructures nécessaires dans la gestion des déchets et le traitement des eaux. La pollution engendrée est devenue une véritable catastrophe pour la biodiversité locale et représente un danger pour la santé des populations.
La pollution plastique est typiquement devenue dramatique par endroit. L’île de Gaya située en face de la capitale Kota Kinabalu en est l’exemple parfait. Sur un minuscule territoire de 15 km2 se côtoient des resorts de luxes et des villages sur pilotis construits par des pécheurs philippins chassés par l’insurrection moro au début des années 1980. Ces villages n’ont aucun accès à l’eau potable et sont dépourvus de système de collecte de déchet. Les bouteilles en plastiques constituent donc une grosse part dans les nombreux emballages plastiques que la communauté se retrouvent donc, faute de solution, à jeter directement dans l’eau. Par le jeu des courants, s’y ajoute les déchets qui arrivent par la mer depuis Kota Kinabalu.
Dans la baie d’à côté, les touristes barbotent avec masque et tuba. Réalisent-ils à quel point la beauté des fonds marins a été altérée ces dernières décennies ? Au dire de plusieurs locaux, les récifs coraliens se sont vidés. Il est certes encore possible d’admirer les magnifiques couleurs de certains poissons tropicaux mais leur nombre a nettement chuté et certaines espèces ont tout simplement disparues.
Les touristes continueront-ils à venir quand il n’y aura plus rien à découvrir ? Ne serait-il pas plus efficace, pour les resorts, de financer et mutualiser la gestion des déchets de l’île voire même la production d’eau potable plutôt que de payer leurs employés à nettoyer chaque jour les plages avant que les clients ne se réveillent ?
Des programmes d’incitation à la collecte, où les habitants étaient rémunérés au kilo de déchets plastiques rapportés ont déjà été testés sur l’île ainsi que des compétitions de nettoyage avec un large succès. Cependant, le manque de débouchés économiques pour les déchets collectés et le peu de soutien financier dans ces projets n’ont pas permis de les maintenir. De plus, le centre de tri peut-être un peu trop fragile, installé sur place, n’a pas résisté à la dernière tempête tropicale.
Durant notre escale, nous avons travaillé avec Now ! (No more plastic in Our Water). Ce Partenariat public-privé (PPP) cherche à sensibiliser le grand public et à organiser une chaîne de valeur durable pour les déchets plastiques afin de réduire, recycler et réutiliser le plastique, pour mettre fin au déversement de déchets solides dans les océans.Grâce à sa formidable fondatrice, Marinah Embiricos, nous avons notamment pu réunir 25 municipalités de Sabah à bord de notre navire.
Toutes ont mentionné leur besoin de solution de valorisation des déchets notamment plastiques, et le manque de moyen dont elles disposent. La plupart des déchets municipaux collectés terminent dans des décharges à ciel ouvert. Seule la ville de Kota Kinabalu est pourvue d’un site d’enfouissement construit aux normes qui reçoit les résidus de 5 districts. Cependant ce site a largement dépassé ses capacités. Faute d’alternative, sa date de fermeture prévue pour cette année a été repoussée à 2025. Un centre de tri et de valorisation est en projet et devrait voir le jour d’ici 2 ans. Nous espérons que les chiffonniers qui travaillent actuellement sur le site d’enfouissement et qui permettent de réduire les quantités de déchets quotidiennement enterrées, ne seront pas les grands perdant de ce projet nécessaire, et qu’ils pourront y prendre part en apportant leur expertise dans le tri des déchets recyclables.
Comme partout dans le monde, la Malaisie doit repenser ses modes de consommation afin de réduire la production de déchets plastiques, et réfléchir à des modèles efficaces et durables de gestion de ces déchets.
Le gouvernement malaisien a pris le taureau par les cornes en commençant par renvoyer les containers de déchets étrangers qui ont afflué ces deux dernières années, depuis que la Chine a fermé ses portes à ces déchets plastiques soi-disant recyclables, mais qui pour la plupart terminaient brulés ou déchargés dans la nature faute de réels débouchés.
La Malaisie a également décidé de s’attaquer aux plastiques à usage unique. Acteur mondial dans l’industrie du plastique avec actuellement environ 1.300 fabricants de plastique sur le territoire, l’exercice n’est pas simple. Quatre problèmes majeurs ont été identifiés par le gouvernement : la gravité de la pollution plastique, le faible taux de recyclage des déchets plastiques, l’absence d’alternative écologique et rentable, et l’absence d’un cadre politique uniforme. Une « feuille de route vers zéro plastique à usage unique 2018-2030 » a donc été réalisée afin de sensibiliser la population, de guider les législateurs régionaux et d’accompagner l’industrie dans une transition vers des produits respectueux de l’environnement. Les premières mesures proposées pour 2019 sont ainsi de rendre payant les sacs plastiques distribués aux consommateurs et de passer à une distribution des pailles uniquement sur demande. Chaque état doit maintenant les mettre en place.
Kota Kinabalu travaille également sur un plan d’action et souhaite devenir un exemple de ville « verte ».
Objectifs de Race for Water
A moyen terme : implémenter un premier site Biogreen de valorisation des déchets plastiques en énergie électrique pour démontrer le modèle de gestion locale basée sur l’incitation à la collecte.
A long terme : déployer le modèle sur des sites stratégiques dans toute la région de Sabah afin d’éradiquer la contamination locale des rivières et des océans par les déchets plastiques
Collaboration locale avec la Fondation Now!
Depuis sa création, la Fondation Now ! (No more plastic in Our Water) – fondée par Marinah Embiricos – cherche à sensibiliser le grand public et à organiser une chaîne de valeur durable pour les déchets plastiques afin de réduire, recycler et réutiliser le plastique, pour mettre fin au déversement de déchets solides dans les océans.
Cet accord signé entre Marinah Embiricos et Marco Simeoni fait donc suite à l’escale du navire à Kota Kinabalu (Nord de Bornéo) et au travail des équipes Race for water sur le terrain durant plus de 3 semaines.